Qu’elles soient de gauche, de droite ou mixtes, simples ou qualifiées, éclairées ou dogmatiques, voire opportunistes, les majorités, leur construction, leur glissement ou délitement, marquent notre activité politique, plus encore lorsqu’elles sont croisées. Dès le début de la législature, majorité de droite au Grand Conseil et majorité socialiste au Conseil d’État annonçaient une tâche difficile pour le groupe socialiste. On l’a vérifié rapidement. Au premier objet délicat, la recapitalisation de la caisse de prévoyance, la droite a brandi sa ferme volonté d’affaiblir l’État, avec des objectifs de recapitalisation bien plus ambitieux que ne le proposait la Confédération. C’était le premier signe de l’attitude arrogante que la droite allait montrer durant quatre ans. Une arrogance sans cesse confirmée lors des débats budgétaires, accentuée lors du traitement des deux volets du redressement des finances : jamais les coupes n’auront été suffisantes. Il fallait aller toujours plus loin, affaiblir encore l’État et donc les bénéficiaires de prestations.
Dans ce climat délétère, le groupe socialiste a montré et démontré qu’il restait LA force de proposition de l’hémicycle ; cela n’a pas toujours été perçu, le travail de commission restant discret, peu ou pas médiatisé, souvent ingrat, et le groupe adoptant dès lors parfois davantage une posture de résistance, et de résistance tenace. Mais le groupe s’est fait un point d’honneur de rester dans la proposition. La forte griffe socialiste sur la réorganisation spatiale hospitalière est un exemple. Malgré des avis divergents, le groupe a su, par l’introduction de garanties notamment, rendre ce projet moins inacceptable pour une minorité et tout à fait défendable pour la majorité des députés socialistes.
Durant toute la législature, le groupe s’est soucié de l’avenir et donc des projets d’avenir. Il a soutenu le nouvel hôtel judiciaire avec détermination, tout comme le projet Mobilité 2030. Une mobilité d’avenir ne se limite pas au RER. Après avoir refusé, amendé et fractionné des crédits routiers, le groupe a réussi à contraindre le Conseil d’État à ne plus écarter la mobilité douce de la réflexion. Notre groupe s’est aussi battu pour une vraie politique énergétique dotée des moyens nécessaires. Il s’est montré ferme dans le domaine du logement et de l’accessibilité à celui-ci. Notre groupe s’est également démarqué par sa défense de conditions de travail exemplaires et conformes à ses convictions au sein de l’administration. Nous avons fait accepter un postulat pour étudier l’introduction d’un congé paternité, nous avons martelé à chaque budget la nécessité d’un accord avec les partenaires sociaux, nous avons insisté sur l’amélioration des conditions de travail dans l’enseignement en soutenant, notamment, la motion populaire visant à supprimer la caisse de remplacement.
En parallèle, notre groupe s’est battu contre les démantèlements opérés. Il a contesté des attributions de subventions culturelles quelque peu laborieuses. Après le rognage du pourcent culturel, il a fait accepter une motion prévoyant une vraie réforme du soutien à la culture.
Des réformes, notre canton en a besoin ! C’est pourquoi nous avons été le moteur pour l’éligibilité des étrangers et avons soutenu activement le droit de vote à 16 ans. Ces deux objets n’ont certes pas abouti, mais l’idée avance et c’est encourageant. Et si pour le second le parlement s’est montré frileux, une initiative populaire a été déposée.
Enfin, malgré un retard de mise en vigueur préjudiciable pour une partie de la population, la faute à un recours à l’orgueil mal placé, nous nous réjouissons que le Parlement ait accepté le salaire minimum neuchâtelois. Une mesure nécessaire qui faisait suite à une décision du peuple. Une mesure qui, comme le soutien accru aux structures d’accueil, améliorera le quotidien des habitantes et habitants de notre canton.